Chère Elisa,
Elle et moi on se connait depuis presque toujours, je dis presque mais en vrai j’aimerais dire toujours tout court, car lorsque je l’ai trouvée j’ai eu l’impression que c’est elle qui me manquait.
On avait 15 ans, on avait envie de croire à tout et pourtant moi je ne croyais plus à grand chose sauf lorsque j’étais avec elle.
Qu’est ce que j’ai aimé être avec elle pendant toutes ces années, on partageait tout: nos amours, nos échecs, nos espoirs, nos chagrins, on a fait des études, elle est partie plusieurs fois, je suis toujours restée.
C’est vrai que moi, je ne suis jamais allé bien loin.
Qu’est ce qu’elle m’a manqué et qu’est ce que j’ai aimé la retrouver, à chaque fois.
Et puis j’ai rencontré mon amoureux et avec lui cela a tout de suite était très fort et très vite 1,2 puis 3 enfants sont arrivés. J’en ai fait des efforts pour me maintenir à niveau en terme de soirée, déjeuner, brunch avec les copains. Pour toujours donner l’impression, malgré les années, et les enfants que l’on pouvait compter sur moi.
En vrai elle sait sûrement qu’elle a toujours pu compter sur moi mais au fil des années nous nous sommes éloignées de manière invisible.
On se voyait oui mais on partageait moins, elle ne se confiait plus et je suis passée à côté de certaines choses. Elle aussi, n’a parfois pas su voir que j’allais mal.
Aujourd’hui elle est la femme que j’aime le plus au monde et pourtant la vie semble nous séparer, la vie ou plutôt les enfants, les miens et ceux qu’elle n’a pas.
J’aimerais lui dire que tout se passera bien, que ça va s’arranger mais je n’en sais rien.
J’aimerais aussi lui dire s’il te plait ne me tourne pas le dos, on parlera d’autres choses que de couches et biberons.
Et pourtant ça aussi j’ai envie d’en parler avec elle parce qu’elle est celle à qui j’aimerais tout dire mais aujourd’hui j’ai l’impression que ce n’est plus possible .
Peut être que tout ceci est juste dans ma tête, peut être pas …
As tu déjà vécu ça?
Merci pour tes conseils
Je t’embrasse
Ce texte ma parle tellement… Surtout en étant passée par la case PMA… C’est parfois difficile de garder le lien quand nos vies prennent un tournant différent. Mais c’est la vie, et parfois elle nous rapproche de nouveau alors même qu’on y croyait plus…
La pma ici a renforcé notre couple plus que jamais; dans les epreuves je trouve que c’est kit ou double souvent…
je n’ai pas pu avoir d’enfant. PMA, refus de l’adoption par des services bienveillants (mais votre mari en a déjà, vous avec 40 ans, vous n’êtes pas prioritaires, donc nous ne vous donnons pas d’agrément) … et au même moment, mon amie, ma sœur de cœur, mettait au monde sa fille unique, ma filleule, toute à son bonheur et à ses angoisses.
Je ne pouvais plus, je ne voulais pas leur en vouloir, mais je n’y arrivais pas et en plus je culpabilisais de penser ça. Et on s’est éloignées. fort, et longtemps, alors qu’on travaille ensemble, on se saluait à peine.
Et un jour, et une heure, et un moment ont fait que c’est revenu, on a partagé, crevé les abcès et les non dits, et donné une nouvelle couleur à notre amitié. stable et confiante. Mais pour que tout ça advienne, on s’est soignées, chacune de notre côté, avec un tiers ou seule… et quand la réparation est venue, on était prêtes…
je te souhaite ce chemin, en attendant, ne te décourage pas, nourris ton jardin et votre lien, et ta famille aussi. Et dans l’équilibre viendra le retour de l’amie…. mais tu ne pourras pas la réparer, car tu n’es pas abimée au même endroit, très douloureux et ce n’est pas simple. bref, je suis confuse, mais je te souhaite le meilleur, et pour elle, tu pourras lui dire qu’un jour, elle aussi, connaitra la paix.. et le bonheur, même sans être mère… au bon moment!
<3
Mon dieu c’est terrible de priver une mere de maternite sous pretexte que son compagnon en a deja …
Parfois, il y a des périodes où on a besoin de s’éloigner pour mieux revenir par la suite, peut-être est-ce le cas de ton amie…
C’est un peu la maladie des nouvelles mamans, ne parler que de leurs enfants et quand on en a pas pour X raisons, parfois, on s’en fout des biberons, du premier caca au pot, ou du fait qu’il faut vite rentrer car « c’est l’heure ».
Nous on sort comme bon nous semble sans se soucier des contraintes d’un bébé, on vit « dehors » donc il est difficile d’évoquer tout ca à quelqu’un qui n’est plus « dedans ».
Je pense que c’est bel et bien des 2 côtés qu’il faut faire des efforts pour conserver une bonne relation amicale.
Certaines diront qu’elles n’ont plus le temps pour ça mais on remarque parfois que le temps est trouvé pour des choses bien plus fades à une amitié… (exemple : le temps passé sur les réseaux au lieu d’un message qui te demande si tu vas bien!!!)
Han, c’est assez terrible cette sensation. Elle existe toujours chez les gens très fusionnes qui n’acceptent pas trop que les choses changent et transforment. J’étais comme ça avant. « Vous promettez les gars, on s’perdra jamais de vue hein ? » Mais la vie nous fait prendre d’autres trains. Nous ne sommes pas coupables forcément, des changements d’état de nos relations, en revanche il faut les accepter.
Oh comme ça me parle!
J’ai été dans ta situation, 3 enfants rapprochés tandis que ma meilleure amie s’éloignait.
Elle n’a pas pu avoir d’enfant. Elle a préféré complètement couper les ponts. C’est très très difficile. Et puis, le temps a fait son oeuvre, 10 ans, peu à peu on se retrouve et elle n’a pas changé!
Les liens ne sont plus aussi forts mais on ne sait jamais ce que la vie nous réserve et j’ai bon espoir.
Bises
Marion
Ça me parle! Ça pourrait être mon histoire que tu racontes, et pour l’instant je n’ai pas trouvé comment faire.
La relation est toujours là mais plus distante…
Réveillez vous les mamans!
Ce n’est pas que la faute de « l’autre »
Il ne semble pas qu’ici la faute soit rejetée sur qui que ce soit et je trouve votre réponse très dure et un peu violente. Douceur et bienveillance : il n’y a pas de camps « mamans » et « « pas mamans », il n’y a que des histoires personnelles et particulières.
l’amour est un jardin qu’il faut cultiver, mais parfois meme avec de l’engrais il est possible que plus rien de pousse , et dans ce cas la la vie nous separe. Je n’imagine pas une seule minute faire ma vie sans mon mari et je comprend la douleur dans ce texte … C’est dur d’aimer mais de s’eloigner, et parfois sans retour …
C’est rude,
Je suis aussi passée par la pma et malheureusement un tri naturel s’est fait sans crier gare dans mes amies. J’avais beaucoup aimé ce texte de « l emmerdeuse ». À découvrir:
https://lemmeredeuse.com/2017/03/14/a-toi-mon-amie-que-jai-perdue-de-vue/
Ce texte est celui de mon coeur aussi… !
Les chères Elisa ne me laissent jamais indifférentes,celui là me chamboule tout particulièrement, faisant écho à ce que je ressens depuis quelques tps déjà,mélange de culpabilité d’être celle qui a simplement eu la chance d’avoir ce cadeau du ciel,de tristesse dans le changement discret mais bien réel de cette relation et de culpabilité d’être triste alors que je ne suis pas celle à plaindre…
Bonjour, oui j’ai vécu ça… j’ai été à la place de Elisa pendant 7 ans, et ça a été une période terrible où petit à petit, je me suis éloignée de mes amies car je ne supportais plus d’entendre parler de leurs enfants , indirectement ou pas… Meme si j’aime tres fort mes amies, j’étais tellement malheureuse de ne pas savoir si je serais maman un jour , que je ne pouvais plus (faire semblant de) partager leur bonheur. J’avais la sensation d’étouffer. Je me suis fais d’autres amies, je préférais la compagnie de femmes qui vivaient la même chose que moi.
Puis j’ai eu de la chance de pouvoir adopter ma première fille, et la seconde est arrivée par miracle deux ans après. Malgré l’arrivée de mes filles, ca a été long pour que je retrouve une complicité avec mes amies. Cette trop longue attente incertaine a fait beaucoup de dégâts … Je me sentais un peu honteuse de revenir comme ça, comme si rien ne s’était passé. Même si mes amies étaient heureuses pour nous, je sentais que certaines m’en voulaient. Je les avais déçues… mais j’ai aussi compris qu’elles n’avaient jamais compris pourquoi j’avais eu besoin de m’eloigner. Le temps a passé et a fait son effet. Avec mes plus proches amies il y a eu des clashs puis de longues discussions. Aujourd’hui je pense que tout est rentré dans l’ordre, mais en tout cas je préfère occulter cette période d’attente qui a fait bien des ravages dans ma vie… Tout ça pour dire que je comprends Ô combien ton amie, elle ne peut pas faire autrement, c’est plus fort qu’elle. J’espère qu’un jour elle te renviendra.
@isacoolpix : j’imagine que le refus d’agrément ne tient pas qu’au fait que votre époux ait déjà des enfants, ça me parait très léger comme motif et surtout irrecevable.Si c’était vraiment le cas il faut insister.
De toutes façons j’imagine que vous savez qu’il y a très peu d’enfants à adopter, ici en France, comme à l’étranger, la situation s’est durcie un peu partout dans le monde et les choses ont bien changé ces dernières années.
Il y a malgré tout des enfants en souffrance qui ne sortent que rarement des foyers de l’enfance dans l’hexagone peut-être que cela vous dirait de tisser des liens avec un petit qui ne sera jamais le vôtre mais à qui vous pourriez offrir beaucoup pour la vie.