Adèle a 86 printemps, elle est douce et coquette.
Elle aime les robes à fleurs et les gilets boutonnés, elle n’oublie jamais de parfumer son mouchoir.
Adèle c’est un bébé d’après guerre, elle me raconte que son père l’a beaucoup gâtée et puis elle a connu la deuxième… de guerre.
Son père est parti, il n’est jamais revenu.
Après la guerre, c’était loin d’être marrant mais elle a rencontré Albert.
Il était beau Albert, quand ils se sont mariés , elle était déjà enceinte et portait une fleur à son corsage.
Et puis il y a eu la vie, deux enfants et plus beaucoup de temps.
Adèle, elle s’occupait de tout et elle aimait ça.
Les années sont passées trop vite et les enfants sont partis.
Puis plus tard, Albert a arrêté de travailler et a fini par rester à la maison.
Elle se souvient qu’elle bougonnait beaucoup sur lui, mais qu’elle était contente de ne plus être seule.
Mais qu’est ce qu’il fumait Albert! Elle n’a jamais pu s’habituer à l’odeur.
Et puis Albert est parti, elle a cru qu’elle mourrait peu après, comme dans les livres.
Mais elle était en pleine santé.
La maison était trop grande, elle a pris cet appartement.
Elle a gardé les meubles, un peu trop encombrants maintenant, et les a placés au même endroit.
La table à droite du canapé et les rideaux damassés.
Les enfants ne venaient plus trop.
Et peu à peu elle a été trop fatiguée pour voyager.
Et puis c’est madame Timmers, la voisine de palier, qui s’en est allée.
Adèle était triste, elles discutaient des après midi entiers.
Depuis la vie est si longue. Bien sûr il y a son feuilleton et le bridge tous les mardis.
Mais il reste les autres moments.
Un jour je lui ai ramené un baguette à Adèle et puis une boîte de maïs.
En fait, elle aime pas trop ça le maïs, mais elle aime bien que je vienne.
Parfois, elle ouvre la porte alors que je n’ai pas encore sonné.
Il faut dire que l’on habite tous les cinq dans l’ancien appartement de Mme Timmers.
Elle aime bien que l’on fasse du bruit, et que les enfants courent sur le palier.
Elle rit encore plus si monsieur Dubonnet se met à râler.
Quel vieux schnock celui là avec la jeunesse!
Alors chaque mardi, avant d’aller travailler, j’ai une boîte de maïs à aller déposer.
J’aimerais bien qu’un jour, ce soient les enfants d’Adèle qui aillent lui porter.
Et surtout je me dis, que désormais je ne raterai plus jamais noël avec ma mère.
Je pense à vous Adèle.
Et vous, je vous embrasse
Elisa
en photo, une image de Lou et Mia que j’aime particulièrement
Ces mots résonnent beaucoup en moi. Ils me font penser à plusieurs dames qui ont presque le quadruple de mon âge et qui m’ont marqué par toute la force de leur vie, inscrite dans chaque petite ride de leur corps.
Bon ok, j’ai trouvé, plus besoin de chercher : t’es Marilyn réincarnée en fée! c’est ça, hein ?
J’ai appelé ma grand mère ce soir parce que j’ai toujours à l’esprit cette vilaine solitude qui nous guette quand on aura l’âge d’Adele … C’est triste mais la vieillesse me touche et j’essaie de ne pas passer à côté d’un petit coup de fil et d’une petite carte envoyée le plus régulièrement possible. Je ne veux pas me dire le jour du grand départ que je n’ai pas assez profité de mes grands parents et je leur dit que je les aime, c’est maintenant qu’ils ont besoin de cela !
C’est tellement beau.
Voilà, je réfléchis, je réfléchis, mais je n’ai pas de mots.
Juste les yeux embués et le coeur emballé.
Merci.
c’est souvent que j’ai envie de vous le dire : merci!
Moi aussi j’aime bien les bichonnés « mes petits vieux » du dessus et du dessous, ceux qui sourient tjs à mon Gabriel qui leur fait pourtant sûrement beaucoup de bruit et le trouvent si « beau !!!!!! » Ceux qui admirent ma pitchoune avec tjs un mot gentil, ceux qui montent les étages difficilement et trouvent le moyen d en rire, ceux qui disent qu’un enfant sain est un enfant qui bouge et fait du bruit…des petites perles que ces gens là !
Je les aime toutes ces petites Adèle, elles ont tant de choses à nous raconter. Merci de lui apporter ton sourire tous les mardis.
Vous êtes une conteuse et une gardienne d’âmes.
C’est beau ce que vous écrivez…au delà des mots…
Adèle a de la chance de vous avoir.
Vous êtes un rayon de soleil pour toutes les personnes qui vous entourent.
Je vous suis depuis deux ans et c’est vrai que je ne commente jamais… par crainte de dire des bêtises ou de ne pas être à la hauteur de vos mots…et puis vos photos et vos textes me laissent juste admirative avec un sourire au coin des lèvres.
Des personnes comme vous, cela devient rare et c’est un tel espoir.
Merci pour tous vos partages, votre combativité, votre gentillesse et votre belle famille.
Belle journée.
Il y a une promesse que je me suis faite : ne jamais laisser mes parents faire Noël seuls! Et surtout jamais je ne penserai à passer un Noël sans eux 😉
Puisse Dieu t’entendre … Moi j’ai Sabine, la jolie, rigolote, mondaine et terriblement dépendante, immobile dans son fauteuil .
J’ai honte souvent lorsqu’elle m’irrite et je me sens parfois méchante de ne pas accorder plus de temps de présence .
MAis quel beau texte et quelle gentillesse absolue !
J’ai envie de rencontrer cette Adèle, et toutes les autres de mon quartier… J’ai 46 ans donc les arrières-grands parnets sont partis déjà, mais il y a encore des grands-parents que l’on essaie de gâter…
Belle journée
Samantha
Je m’en vais de ce pas appeler ma mamie Jeanne à moi… 92 ans… Merci Elisa !!!!
quelle belle histoire… ça me rappelle la chanson « la centenaire » de lynda lemay…
bisous
C’est très beau
il est beau ce texte… J ai les yeux humides…
Et ce qui est encore plus beau c est d être là pour Adèle.
A chaque fois que je vous lis je le pense…..aujourd’hui je vous le dis …. que vous êtes une belle personne. En tout cas c’est ce qui transpire de toutes ces petites scènes de vie. Biz à vous et à cette si belle petite famille.
Très très très joli texte et histoire…merci
Tu m’as mis les larmes aux yeux…moi qui souvent ces temps-ci me questionne sur le fait de vieillir et se retrouver seule.
J’adore ton écriture.
Mon voisin est un ancien militaire qui vit dans une vieille maison de village qui ressemble plus à un campement qu’autre chose. Il vit comme dans les campagnes du Sud: sa cuisine c’est son garage…, ou l’inverse…, je ne sais pas trop. Je ne sais pas comment il s’appelle, j’abuse je pourrais au moins regarder sur la boîte à lettre…, nous on l’appelle Papi, et mon fils aussi. Il jure souvent…, se plaint toujours… du chaud, du froid, de la pluie et de la sécheresse! Il porte des pantalons feu-de-plancher et sort en charentaises! J’ai dit ancien militaire, pas Sean Connery! Il me donne du raisin et nous on lui fait la causette parce que c’est un sacré bavard ce Papi.
Bientôt nous allons déménager pour aller dans « notre » maison à nous! Je crois que ça lui fera un grand vide de ne plus nous avoir à côté, de ne plus voir mon fils et ses boutades maladroites… Ta boîte de maïs ça m’a donné envie de venir le voir même quand on sera parti!
PS: Es-tu un genre de fée ou d’ange gardien?!?
Quel joli texte Elisa…
Bon ben voilà, j’ai les larmes aux yeux! J’ai envie de rencontrer Adèle et de la serrer dans mes bras! Et puis te dire merci, Elisa, pour ton si joli texte et tes boîtes de maïs! :*
C’est Beau,que d’Emotion..!!.
Merci à toi Élisa pour ce joli texte
Quel beau témoignage..
Nous avons aussi des voisins de pallier d’un age certain, j’aime discuter avec eux, ils ont une vision très modernes pour des « papys »
j’aime discuter avec elle, elle me prete des livres policiers, me parle de ses enfants…
j’aime discuter avec lui, un ancien pilote de l’armée, il a toujours des anecdotes sur son activité passée..
mais soudain, je réalise que je devrais les voir davantage, les inviter plus souvent
allez, c’est prévu, je leur propose un apéro ce week end !!
merci Elisa !!
Très belle histoire. Je n’ai connu que mon grand père, et j’envie beaucoup ce qui ont encore leurs grands parents!!!
Ma petite voisine est presque centenaire.
Nous la croisons de temps en temps dans les escaliers ou dans le hall d’immeuble. Elle m’impressionne car elle se débrouille seule et elle est toujours coquette.
Une fois, elle m’a dit que ça lui faisait du bien de m’entendre rire à travers le mur. J’étais gênée et triste à la fois car cela montrait bien qu’il manquait un peu de vie chez elle.
Maintenant elle entend encore plus de rires, les bruits sourds des pas de ma fille sur le parquet et nous essayons d’être le plus possible attentionnés (canicule : on lui dit de bien s’hydrater, coupures de gaz : on met notre four électrique dispo …)
On parle beaucoup des associations qui aident les plus jeunes mais pas assez de celles qui aident nos « anciens » à mon sens. C’est pour ça que je soutiens Les petits frères des pauvres : https://www.petitsfreresdespauvres.fr/ 😉
Merci pour ce touchant billet :3
x LiLi Confetti x
Un joli témoignage, j’ai beaucoup aimé ta description de sa vie, car Adèle, ça n’est pas LA vieillesse, c’est une vie passée, présente, ce sont des rires et des larmes, de la vie. J’ai ressenti beaucoup d’émotions…
cela me rapel il y a un an en arrière le petit vieux d en face qui attendait TOUS les matins que l on ouvre nos volets pour nous faire coucou, les filles trépignaient pour que j ouvre vite leurs volets et criaient Bonne journée petit papi bref ca m était toit le monde de bonne humeur merci Elisa toujours un réel plaisir de vous lire tous les jours
Quel joli texte ! A travers ces mots pleins de douceur et de bienveillance j’ai l’impression de revoir mon arrière grand-mère, ne force de la nature, qui a vu mourir plusieurs de ses enfants mais qui toujours disait que, comme dans un jardin, « les jolies roses laissent place à de jolis bourgeons qu’il fallait aimer comme on a chéri les fleurs disparues ».
Le seul deuil qu’elle n’a jamais fait est celui de son père tellement aimé et adoré, mort le 10 novembre 1918.
Près de 80 ans après, elle en parlait avec tellement de douceur et d’amour, narrant des épisodes de sa jeunesse, un bouquet de fleurs qu’il lui avait offert sans raison particulière, l’escapade à la plage pour lui montrer les vagues et le sable. Et parmi tous ces récits, celui d’une promesse qu’il avait faite sans pouvoir réaliser: celle d’un mariage heureux, avec un mari qu’elle aurait choisi parmi tous les prétendants qu’elle aurait, il en était sûr. S’il est mort trop tôt pour l’accomplir, elle a mis un point d’honneur à la réaliser malgré tout. Elle a aimé son époux, qui lui a bien rendu. Et elle a insisté auprès de chacun de ses enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants, en disant qu’un mariage d’amour heureux était le gage d’un bonheur inégalé et perpétuel car l’amour réciproque a le pouvoir de faire oublier tous les tracas de la vie quotidienne.
Ces paroles entendues a bien des reprises sont celles qui m’ont le plus marquées (avec une aparté en cuisine, alors que j’avais une douzaine d’années « Je ne sais pas si je serai encore de ce monde le temps venu donc je te le dis aujourd’hui: le plus important pour réussir un mariage est de l’avoir consommé avant de l’avoir signé ! »).
Une amie étudiante et son chat sont en colocation avec une personne âgée, comme Adèle un peu oubliée par sa famille. Les échanges entre elles sont pleins de tendresse et de bienveillance, chacune apprenant de l’autre. Je trouve ce concept vraiment joli et plein d’espoir !
Bien souvent oubliés, les « vieux », derrières leurs incompréhensions sur le monde trop rapide et bruyant, grincheux parfois, mais avec des éclats de rires jamais loin, sont source de tellement de récits, d’anecdotes, de conseils précieux, de tendresse ou encore d’amour…
Comme vos autres lectrices votre texte m’a beaucoup touché. Vous avez l’art de décrire une personne, des sentiments en quelques mots à tel point qu’on imagine très bien cette chère Adèle.
Je ne pense pas avoir de personne âgée dans mon immeuble mais depuis quelques mois je croise le matin en allant prendre mon métro un vieille dame qui promène son chien. Elle pousse une sorte de déambulateur qui l’aide à marcher et son chien l’accompagne avec son manteau rouge. Au bout de quelques semaines, je lui ai dis bonjour et dès que je la croise je lui glisse un mot. En janvier, revenant des fêtes je lui ai souhaité bonne année et elle m’a confié avoir été seule avec son chien pour les fêtes.
Les gardiennes des immeubles sont parfois celles qui s’occupent des personnages âgées de leurs immeubles mais si nous essayons tous de faire un petit sourire, glisser un « bonne journée »; je suis sûre que nous pourrions en rendre quelques uns moins seuls.
Belle journée Elisa vous êtes une personne qui donne des bonnes ondes
Merci. C’est beau et ça sert le cœur. Dans notre monde si égoïste, on oublie que la douceur existe et l’empathie aussi. Cela rassure de les voir pointer le bout de leur nez. Te lire, cela remet les idées en place, cela nous rapproche de l’essentiel.
Bonsoir,
j’ai lu votre post ce matin dans le train
au départ j’ai cru a un post banal mais il m’a beaucoup émue
déjà parce qu’il est très bien écrit
ensuite j’ai repensé à un texte que j’ai écrit sur ma grand mère quand j’étais étudiante, qui reprenait des scénettes de vie quotidienne et dans ce texte je réutilisais certains des propos de ma grand-mère
texte que j’ai perdu depuis
ma grand-mère est décédée 1 an après mon texte en 2009.
Je peine à me remémorer ses petits phrases, les petites phrases « des anciens » avec une manière si particulière de parler de la guerre même parfois avec légéreté ou leurs manières de parler de leurs rencarts amoureux, et aussi avec des prénoms si rétros.
d’où l’importance d’écrire , pour se rappeler de leurs voix…de leurs mots.
Brel – Les vieux
https://www.youtube.com/watch?v=_lyr2P3jMNM
J’ai moi aussi connu une Adèle (elle s’appelait Marguerite) et elle s’en est allée…
Chacun de tes textes m’arrache tant d’émotion … Bisous à Adèle, on prendrait plaisir à venir faire du bruit pour elle …