Chère Elisa,
Depuis que j’ai découvert votre univers il y a quelques mois, je suis avec joie vos aventures du quotidien. Votre jolie famille contribue à me donner envie de fonder la mienne. Seulement, ce n’est pas si simple. Je vous écris car je sens beaucoup de bienveillance de la part de votre « communauté », de toutes celles qui vous lisent et que j’ai été touché par votre position affirmée sur l’avortement il y a quelques semaines via une publication sur instagram.
J’ai 25 ans et je suis en couple depuis 5 ans avec un homme de 12 ans mon ainé. L’an dernier, je suis tombé enceinte par accident. Cela aurait pu être une excellente nouvelle mais je l’ai vécu avec stupeur. Je ne m’y attends pas et pour cause ; j’étais bêtement convaincue que j’étais infertile et je prenais une contraception. Cependant, l’idée de fonder une famille me traversait depuis 1 an ou plus. Je prenais plaisir à l’imaginer… combien voudrais-je d’enfants ? aurais-je des filles ou des garçons ? des jumeaux ? quel âge aurais-je pour mon premier et son père, quel âge aurait-il ? quand pourrait-être le bon moment ?
Le « bon moment » ne risquait pas d’arriver tout de suite ; je suis étudiante, précaire, instable dans « ma vie d’adulte ». Mon compagnon, plus âgé, ne l’est pas davantage ; il a fait face à un divorce alors qu’il avait un enfant en bas âge, après quoi il a décidé de vivre ce qu’on pourrait appeler « une deuxième jeunesse »… Le schéma qui lui était proposé, de faire des enfants au début de la trentaine après un mariage et en même temps que la construction d’une maison en banlieue, ne lui convenait pas. Si je peux comprendre son envie de sortie des cases que la société tente de nous imposer, il y a dans son histoire une grande partie de ce qui deviendra la souffrance que je vis actuellement.
Lorsque je suis tombé enceinte accidentellement l’an dernier, je savais que je ne pouvais pas garder cet enfant en devenir. Pourtant, je m’y suis attaché. Je m’imaginais avec plaisir regardant mon ventre s’arrondir, porter la vie, avec la conviction de plus en plus affirmée que la maternité ferait, plus tard, partie nécessaire de mon épanouissement. Mon compagnon voyait d’un très mauvais oeil cet attachement étrange, entre nécessité d’avorter et profonde envie de materner. Il me disait qu’il restait « rationnel pour contrebalancer mon état émotionnel »? Selon lui, ma reprise d’études devait être ma priorité, je m’étais battue pour, je sortais enfin d’une période d’inactivité, etc.
Lors de l’IVG, que j’ai choisie médicamenteuse, il a été présent et a fait de son mieux pour me rassurer et m’épauler. Cet épisode m’a complètement dévastée et en même temps, m’a soulagée. Il mettait fin à une dizaine de jours de profonde tristesse partagée entre la culpabilité et le renoncement, et à 48h de douleurs physiques très intenses. Quand nous sommes rentrés à la maison ce soir là, nous étions lessivés de cette journée, jusqu’à ce que les actualités nous réveillent ; c’était les attentats du 13 novembre. Cet évènement a endeuillé le pays entier et noyé entièrement le mien. A la maison, nous parlions des actualités, pas de la nôtre.
Aujourd’hui, mon compagnon ne me parle jamais de cet évènement. Il fuit les conversations sur le sujet. Parfois, il me dit qu’il aura peut-être envie de fonder une famille avec moi, mais plus tard. Il me dit surtout que notre couple n’est pas assez stable, que nous sommes souvent en désaccord, qu’un enfant décuplerait nos soucis actuels de logistique, et tout un tas de chose dans la même veine. Il me demande d’accepter sa fille de 6 ans comme si trouver ma place auprès de cet enfant était une évidence. Il ne veut pas comprendre que son incertitude quant à son envie d’une vie de famille avec moi m’est douloureux, plus encore que d’avoir tenté de la fonder avec autre femme.
Je me pose pleins de questions : peut-on renoncer à cette viscérale envie d’être mère ? peut-on quitter quelqu’un que l’on aime fort, au prétexte de ne pas avoir le même idéal familial ? le doute qu’exprime mon compagnon est-il le fruit d’une réelle incertitude ou d’une incapacité à assumer qu’il ne veut absolument pas d’autres enfants ? ne peut-il réellement pas savoir s’il aura envie d’avoir des enfants avec moi ? quand choisit-on le bon moment pour fonder une famille ? patienter dans ces circonstances, est-ce une forme de maturité ou de procrastination ?
Elisa, je sais sans doute que vous n’avez pas les réponses exactes à mes questions. Et pourtant, c’est à vous que je les pose parce que les images et les mots que vous choisissez pour nous faire partager votre vie de famille me semblent si doux et si justes, que je crois que j’en espère aussi.
J’hésite à cliquer sur « envoyer » et en même temps, je sais que je vais le faire. Cela fait des semaines que j’y pense. Je vous embrasse.
S.
Chère S,
Je suis navré de lire toutes ces questions et cette souffrance que vous posez ici.
Je n’ai évidemment pas toutes les réponses à vos questions et chaque histoire est particulière, mais il me semble tout de même qu’il est indispensable de renouer le dialogue, avant tout, avec cet homme qui partage votre vie. Toutes ces questions que vous me posez et qui n’ont d’autre réponse qu’un choix de couple, le vôtre! Je sais qu’il n’est pas toujours évident d’amorcer le dialogue, sur des sujets aussi lourds mais, sincèrement, il y va de votre bonheur à tous les deux. Je ne peux vous donner de baguette magique, mais je peux vous dire une chose c’est que l’on ne gagne rien à taire son ressenti profond!
Je vous embrasse fort et j’espère que toutes les autres lectrices sauront vous aiguiller
A bientôt
Elisa
Chère S. Je lis très touchée votre message. Comme le dit Elisa, il n’y a pas une seule réponse, il n’y a pas une vérité, mais il faut que vous en parliez ensemble, c’est vital. Non, le désir d’enfant ne s’éteint pas avec le temps, il est même surement de plus en plus viscéral, surtout si ce n’est pas une envie portée par la société et le bien faire, sur ce qu’une femme doit être dans notre monde. Il faut lui en parler. Votre ressenti est aussi important que le sien, vos envies aussi importantes que les siennes. Un jour j’ai entendu quelqu’un dire qu’en amour, tout n’a pas de prix, mais tout compte. C’est vrai. Aujourd’hui vous pouvez peut être faire des compromissions car votre amour pour votre homme est grand, les compromis c’est normal, c’est la vie, c’est aussi le couple, mais il y en a certains qui coûtent trop, il y en a qui nous mettent nous dans l’ombre qui nous font nous mentir. La réponse je ne l’ai pas, il n’y a pas de bons moments pour faire un enfant, il n’y a plein de bonnes raisons de ne jamais en faire, mais quand on sent dans ses tripes que l’on veut fonder une famille, c’est un truc extraordinaire qui en effet mérite d’être fait avec un mec bien capable d’assumer ce mini vous à venir. Et un avortement, même si c’est la vie, si vous avez besoin d’en parler et bien ça aussi il faut en parler, c’est vos tripes à vous qui ont tout sorti, même si il vous a accompagné, c’est votre corps qui l’a vécu. Ne vous en faites pas chère S., vous avez 25 ans, la vie devant vous à croquer fort et beau.
Chère S.,
j’ai lu tes mots puis y ai repensé. Ils résonnent en moi et répondent à des questions que je me suis posée plus jeune aussi. Je ressentais cette envie si forte de fonder une famille et construire notre nid pour accueillir nos enfants à venir. Aujourd’hui, ces garçons tant attendus grandissent et mon aîné s’apprête à voler de ses propres ailes.
Construire une famille, c’est, je crois, avant tout une question de dialogues et de compromis. Impossible de vivre ensemble sans accepter des compromis pour trouver l’équilibre qui nous conviendra à tous. Il suffit de faire pencher à peine la balance pour tout déséquilibrer.
Alors oui, comme Elisa et Caroline, je pense aussi qu’il est essentiel d’en parler avec ton compagnon, de lui expliquer ce que tu ressens. Et si c’est trop difficile, pourquoi ne pas lui écrire une lettre ?
La vie est pleine de surprises mais je pense qu’il est essentiel de dialoguer avec le compagnon de route qu’on choisit pour être sûr de marcher ensemble dans la même direction.
Merci d’avoir soulevé cette question, je pense que ton témoignage peut aider d’autres lecteurs aussi. Je te souhaite une douce soirée.
Chère S. Comme je peux comprendre ce désire viscérale de porter la vie et d’avoir une famille. Il n’y a pas de réponses toutes faites pour toutes les questions que vous vous posez. Je crois qu’au fond, vous seule avez les réponses. Et aucunes d’elles ne sera facile, soyez-en sûre parce que la vie est toujours une question de choix et de renoncements. Et qu’il est parfois difficile d’assumer, mais c’est indispensable pour avancer. Courage. Mathilde
Moi aussi je suis touchée par ce témoignage… je suis avec un homme de 30 ans mon ainé… et nous avons deux enfants. Le problème a été finalement l’inverse : a 19 ans, et lui 50 c’était « maintenant ou jamais » si on avait des enfants. Ce n’était bien sur pas mes plans. Aujourd’hui 7 ans plus tard, je ne regrette rien, j’ai deux adorables filles, mais effectivement pas de boulot stable (en études puis aujourd’hui en préparation de concours perpétuelle.) et 3 belle fille avec qui ce n’est pas toujours simple. A moins de 30 ans, je dois gérer les choses avec le passé de mon conjoint, et j’arrive la plupart du temps à prendre tout ça avec le sourire, même en étant « belle grand mère » a 27 ans ! aujourd’hui (cochonnerie d’uterus) je me bat avec l’envie d’un troisième enfant, alors que cela ne serait pas raisonnable, à tous les points de vue… bon courage.
Je pense qu’il est dur de lutter contre un désir d’enfant. C’est à votre couple de faire le choix qui vous rendra heureux, et ne vous laissera pas d’amertume.
Il n’y a jamais de moment idéal…
La seule chose que je peux dire c’est que vous devez parler….. parler et s’exprimer, surtout ne pas garder tout à l’intérieur… et comme dit Elise « on ne gagne rien à taire son ressenti profond » courage! Et plein de bisous
Ma chère S.
Cette envie d’enfant, je l’ai connue pendant des années auprès d’un homme pour qui c’était encore trop tôt. Alors je vais te livrer les 2 trucs qui m’ont fait tenir.
Le premier, c’est pour notre couple: j’ai accepté beaucoup de compromis, à condition qu’il me rende plus heureuse que malheureuse. Ce n’est pas un vil « calcul », c’est une façon d’être honnête avec soi-même et d’éviter de prendre une décision « à chaud ».
Le deuxième truc, cela a été de me fixer une limite pour avoir un enfant. En très clair, je m’étais dit que mon chéri ne se décidait pas, je lancerais une procédure d’adoption comme parent célibataire à 35 ans. Pour moi, c’était « 35 ans et une adoption », je connais d’autres filles qui se sont dit « 40 ans et une clinique des cigognes en Suède » ou bien « 30 ans et je cherche un autre homme ». C’est juste une façon de se donner du temps. Alors j’ai fini mes études, j’ai trouvé un bon job, j’ai acheté un appart’, j’ai voyagé, j’ai vécu notre histoire de couple à son rythme. Et puis à 35 ans, j’étais maman, mariée, heureuse. Parfois, je pense à cet enfant que je n’ai pas adopté et je sais que j’aurais eu assez de force et d’amour en moi s’il avait fallu.
Je t’embrasse.
Coucou,
Selon mon expérience, non l’envie d’enfant ne passe pas spontanément, même si parfois, elle peut être mise entre parenthèse quelques temps … Nous allons chacune te donner un avis, qui ne sera que le fruit de nos parcours et de nos ressentis. Voici donc le mien : pour moi, l’arrivée d’un enfant se décide à deux. C’est un bonheur immense mais aussi un sacré chamboulement pour un couple … Il faut être prêt ensemble et en avoir envie conjointement sans quoi les choses peuvent mal finir. A mon sens, on peut quitter un conjoint que l’on aime, même profondément, pour incompatibilité de projets de vie. C’est un choix douloureux, mais, crois-en mon expérience, moins pénible à vivre finalement que de renoncer à soi ou de coincer l’autre dans une vie qui n’est pas la sienne.
Bonsoir S.,
Lolotte a raison, on peut quitter quelqu’un que l’on aime encore si cette personne n’a pas les mêmes désirs que nous. Je l’ai fait et ça a été difficile mais je ne regrette rien. 13 ans après cette rupture, je suis mariée et Maman de 2 enfants. Mon amoureux d’avant n’est lui, toujours pas marié et n’a toujours pas d’enfant.
Reparles de ton envie d’être mère à ton compagnon, dis lui tout ce que tu ressents. Ne garde pas cela pour toi, ça fait trop mal.
Je vous souhaite à tous les deux d’être heureux, ensemble ou pas! Juste d’être heureux, sereins dans vos choix, dans votre vie. Cette dernière est si courte!
Courage.
Anne
Bonsoir S
Chaque personne va avoir son opinion sur ce genre de questions, cela va dépendre du parcours de chacun d’entre nous. Je vais partager la mienne avec toi.
Je suis restée 3 ans avec un homme lorsque j’avais 20ans, je suis tombée enceinte sans le vouloir après 2ans et demi de relation. J’étais jeune, je vivais dans un autre pays et je n’étais pas stable financièrement. Quand je l’ai appris j’étais sur de ne pas le garder, mais mon compagnon qui avait 8 ans de plus voulait le garder et mon envie d’être mère a pris le pas sur la raison, je l’ai gardé. Peu de temps après mon compagnon a changé d’avis. Aujourd’hui j’ai une superbe petite fille de 6 ans et une deuxième avec mon compagnon actuel qui a 13 ans de plus que moi et un garçon de son côté.
Rien n’est simple mais cette envie d’être maman à mon sens est plus forte que tout, je pense que c’est primordial que vous en parliez sinon ça va te ronger. À mon avis il vous faut du temps, lui pour apaiser son divorce et toi pour mûrir ce désir. Je te souhaite de trouver tes propres réponses à ces questions.
Douce nuit
Lucie
Chère S. Je pense qu’il est indispensable d’en parler avec votre compagnon! Je suis moi aussi avec un homme 15 ans plus âgé et celui ci ma toujours dit qu’il veut des enfants avec moi d’une part car c’est son envie(malgré deux enfants deja presents et je comprend votre difficultéa trouver votre place auprès de sa fille), dans une futur plus ou moins proche et d’autre part parce qu’il ne s’imagine pas me le refuser car il sais que le souhait d’une femme d’être mère est viscéral!
S je pense que s’il ne veut pas vous donner ce bonheur alors une vie de couple stable sera compliquer. Mais il faut en discuter et renouer le dialogue. Je ne pense pas que le souhait d’être mère passera.
Courage!
Bonsoir
Je suis également avec un homme de 12 ans mon aîné.
Je l’ai connu à 19 ans , j’en ai aujourd’hui 29 bientôt 30.
Bientôt 11 ans ensemble mais on a pris notre temps.
On a eu notre enfant il y a 2 ans, après 8 années ensemble.
A 25 ans je pensais à la maternité mais je n’étais pas prête. J’avais fini mes longues études (5 ans) j’avais mon 1er job sérieux.
Lui n’avait pas d’enfant mais malgré l’âge n’était pas pressé non plus. On a construit notre couple sans plans sur la comète (comme j’aime dire).
Finalement il a été papa a 39 ans. Et moi maman à 27 ans.
Et moi en 2 ans , de 25 ans à 27 ans je suis passée de « pas prête » au stade de concrétiser ce désir d’enfant.
Donc en 2 ans il peut vraiment y avoir une évolution (pour les 2).
Je crois aussi que ton compagnon a subi un échec dans son premier couple et cela ne lui donne pas confiance en lui dans sa capacité à recréer un couple avec un enfant.
Il faut lui dire que non, l’histoire ne se répétera pas.
tu dis « nous sommes souvent en désaccord, un enfant décuplerait nos soucis actuels de logistique, et tout un tas de chose dans la même veine ».
Je crois que la blocage vient peut être de vos désaccords qui doivent faire un mauvais echo au passé de ton compagnon.
Je comprends tout à fait ce point de vue.
Concernant la logistique (et autres) saches que dans tous les couples c’est rarement le « bon moment » pour avoir un enfant avec les aléas de la vie (chômage, maladie , proposition de CDI, déménagement…) mais on s’en sort à chaque fois !
Avoir un enfant ça booste aussi pour réussir sa vie.
c’est dommage de penser à le quitter…si tu étais célibataire ton projet d’enfant serait à néant.
Je crois que ce n’est pas une question d’âge car même quelqu’un de ton âge peut ne pas se sentir prêt, ne pas « être le bon » tout simplement…
Ce que je peux conseiller c’est de ne pas se mettre trop la pression, de retrouver une harmonie dans votre couple, que toi tu t’épanouisses dans ta vie pro…et vraiment en 2 ans tout peut changer…
Ma rubrique préférée sur ton blog Elisa, celle qui touche toujours en plein cœur.
Chère S,
Le dialogue, même s’il est difficile à avoir par moment est essentiel dans le couple, encore plus lorsqu’on parle bébé.
J’espère de tout cœur que ton amoureux pansera ses blessures du passé pour tenter avec toi cette magnifique aventure qu’est la parentalité. Le désir d’une femme est selon moi totalement différent de celui de l’homme, on ne maîtrise pas pleinement nos émotions à ce moment là, plus rien n’a d’importance, sauf cette future vie que nous souhaitons donner. Eux sont souvent plus axés sur le matériel quant à nous sur l’émotionnel. Plus grande maison, plus d’argent, quand nous pensons à petit être d’amour et futur prénoms.
Tu sais chère S, j’espère sincèrement que le dialogue s’installera et qu’il entendra tes désirs.
Belle soirée,
Noémie
Bonsoir S.
C’est la première fois que je commente un article du blog de notre chère Elisa, alors même que je le lis depuis des années.
Ceci dit je ne commente pas pour parler de moi, mais de toi (je te tutoie, ne t’en offusque pas…).
Je pense honnêtement que cette envie viscérale ne disparaîtra pas. Si la raison peut faire reculer momentanément ce désir, il ne pourra totalement l’effacer et je doute que tu puisses avoir une vie de couple épanouissante en taisant cette envie et en la gardant au plus profond de toi. Tu as le droit d’avoir envie d’avoir des enfants, le droit de le dire et de le crier haut et fort. Si des compromis sont nécessaires, un tel renoncement ne me semble pas acceptable. Je te souhaite de trouver les mots pour en discuter avec ton compagnon et à défaut de trouver le courage d’assumer cette envie, quoi qu’il t’en coûte. Je te souhaite énormément de courage mais bien au-delà de cela, énormément de bonheur.
Je t’embrasse
Chère S.
Je ne peux rester sans réaction devant votre message, parce que pour moi il parle de la solitude dans le couple, et notamment face à l’avortement. Je suis l’heureuse maman de trois enfants, en couple, heureuse, depuis une belle dizaine d’années. Avec tout ce qu’il nous faut pour vivre. Bien pris par notre vie, notre vie sexuelle est épanouie, douce et mature, mais espacée. Nous ne ressentions pas le besoin d’une contraception. Un soir de septembre j’ai juste glissé à l’oreille de mon conjoint que je ne voulais pas avoir à vivre l’avortement. Quelques minutes après une grossesse démarrait… Il a été évident pour mon conjoint, et pour moi, en surface du moins, que nous ne nous engagerions pas dans une nouvelle grossesse. Le marathon médical a donc commencé. Mon conjoint m’a lui aussi bien accompagnée, venant aux rendez-vous dès qu’il pouvait, s’arrangeant pour que nos enfants ne soient pas présents le jour de l’expulsion. Malgré les hormones de la grossesse, et ce désir, au moins cette question d’un quatrième enfant qui montait en moi, nous suivions à peu près le même chemin. C’est ensuite que nos cheminements ce sont séparés. Pour mon conjoint, la vie a repris son cours, après un moment difficile mais terminé. Pour moi, mon corps m’a rappelé chaque jour ce qu’il était encore en train de vivre : la fin d’une grossesse, un traitement chimique. Je me suis jetée dans le travail, reléguant le plus possible ce sujet en arrière. Puis vint Noël, la famille, la grossesse de la sœur de mon conjoint, et enfin, maladroitement, violemment parfois, j’ai laissé ma tristesse, ma douleur, ma colère s’exprimer. Longtemps, tous les jours, j’ai exposé mon conjoint à ce que j’avais vécu : le sang, le vide… et la solitude. Pendant deux longues semaines nous avons tous les deux eu peur de nous perdre, peur de devenir un peu fous, pris dans un cauchemar. Et puis à force de nuits blanches, de pleurs, d’écoute, nous avons réussi à mettre des mots, chacun, sur ce que nous avions vécu, à nous dire des choses parfois difficiles à entendre, mais avec toujours tant de tendresse, d’attachement, de confiance en l’autre et en notre histoire que nous avons pu surmonter ce moment.
Si je me confie ici, pour la première fois, c’est parce que l’avortement est un sujet difficile, qui n’appartient qu’à la femme qui le vit, mais aussi au couple qui le vit. Ce moment m’a enrichie je crois, il m’a aidée à prendre conscience dans mon corps que le moment de maternité est terminé pour moi, mais aussi à me sentir encore un peu plus la sœur de toutes ces femmes, si courageuses, si silencieuses, exposées à des parcours de vie difficiles. C’est à nous bien souvent de guider notre conjoint dans la parole, de l’amener à mettre des mots, à prendre conscience du vécu. Chère S., pour moi l’aventure du couple, celle où on vit réellement avec l’autre, ne peut s’accomplir qu’au prix de réajustements, d’échanges, dans la confiance. Parlez avec votre ami, répétez, trouvez les moments et les mots, sachez dire votre besoin d’être entendue, pour que votre couple vive une vie saine.
Je vous souhaite toute la force des femmes, et tout le bonheur de la vie avec votre homme.
Je trouve que son compagnon a raison. Si le couple connaît déjà des désaccords et des tensions, un enfant ne fera que les aggraver. Je pense que l’optique de vie si je peux appeler ça comme ça doit être la même pour les deux et que si ce n’est pas le cas il je faut jamais ‘essayer de convaincre’. Un enfant c’est trop important pour être fait sur une base instable. C’est une vie entière qu’on crée. Et je comprends aussi que c’est difficile d’accepter un enfant qui n’est pas le sien. Le mieux serait de créer de désamorcer tout ça en discutant à cœur ouvert.
Bonjour S,
Je pense vraiment que faire un bébé est un travail d’équipe alors demande toi plutôt si tu as envie d’avoir un enfant avec lui ou juste envie d’avoir un enfant. Pour ma part je ne m’étais jamais vraiment dit « j’aurais un enfant à tel âge » et puis à 17ans j’ai rencontré l’homme de ma vie et c’est lui qui m’a donné envie d’avoir des enfants. 4ans plus tard Lola était là…
Chère S. tu es chanceuse de vivre en 2017 sous nos lattitudes et d’avoir le choix :
Le choix d’interrompre une grossesse,
De ‘programmer’ une grossesse,
D’avoir un enfant avec un homme que tu aimes,
D’avoir un enfant seule,
De ne pas avoir d’enfant,
…
Pour le reste tout a été dit.
Bon courage.
Chère S.
Je pense que quand on n’a pas le même désir, le même projet de vie, c’est très difficile de rester ensemble. Ton désir en effet ne va pas s’éteindre, bien au contraire, il risque de grandir encore car ensuite tu auras affaire à la pression de l’horloge biologique (tu en es bien loin encore, ne t’inquiète pas). Je crois aussi profondément qu’il faut faire confiance à ton intuition. Tu sais certainement, au fond de toi, si cet homme te donnera ce bébé un jour.
Je parle bien sûr en fonction de mon expérience. J’ai quitté, à 28 ans, un homme que j’aimais profondément, car je sentais qu’il n’était pas prêt à fonder une famille. Je ne me suis pas trompée, ce n’est que l’an dernier, à 43 ans, qu’il a eu une petite fille, et si j’avais dû attendre autant, je n’aurais sans doute pas d’enfant . Cela a été très difficile, car cet homme je l’aimais, vraiment. Mais pas une seconde je ne regrette d’avoir vécu en conformité avec mon projet. Depuis, avec l’homme avec lequel je vis, j’ai eu deux enfants qui sont mes soleils. Et pourtant, vois-tu le désir d’enfant n’est pas éteint. J’ai perdu le bébé que j’attendais, le 3eme, il était atteint de graves malformations. J’ai traversé très seule ces moments et j’aurais voulu qu’on réessaye. Il n’a pas voulu, a eu une attitude ambiguë. J’arrive à l’âge où il devient presque impossible de faire un bébé, qui plus est un bébé bien portant. J’ai fini par renoncer, après beaucoup de travail sur moi-même, à accepter l’idée, à être heureuse sans ce bébé. Mais, malgré tout, si ma tête a dit oui, c’est comme si mon corps gardait les traces de ce renoncement. Je ne parviens plus à désirer mon ami, et toutes les petites choses sur lesquelles je suis passée, comme dans tout couple, depuis que je le connais, remontent à la surface. Depuis une semaine, nous envisageons la séparation.
En conclusion je crois qu’il faut t’écouter, et aussi en reparler. Les hommes sont dépassés par les histoires de grossesses, ils ne les vivent pas dans leur corps.
Bonjour,
J’étais avec un homme un peu plus âgé que moi qui avait déjà deux enfants d’un premier mariage, j’ai aimé cet homme comme jamais et je l’aime toujours au fond de mon coeur.
Mais des enfants il n’en voulait plus ! Et plutôt que de m’user à le faire changer d’avis et de finalement peut être le convaincre et … me sentir coupable de l’avoir forcé.
Je l’ai quitté, ce fût terrible. .. j’ai souffert comme jamais… mais j’ai tenu bon … aujourd’hui j’ai un gentil petit mari, 3 beaux enfants et même si ce n’est pas tous les jours facile, notre famille nous en avons rêvé ensemble, nous l’avons construit ensemble et nous affrontons nos difficultes et nos bonheurs ensemble et je sais que j’ai pris la bonne décision 😉
Voilà j’espère que mon petit témoignage t’aidera.
Bonjour,
Je viens de lire tous ces commentaires, ils sont bien entendu tous très bienveillants et je suis complètement d’accord avec tous ces conseils.
Je voudrais juste rajouter une chose sur l’avortement.
Il y a un an, j’ai découvert que j’étais enceinte de 8 semaines….. ma première impression a été l’effroi….. je ne m’en étais pas rendue compte parce que nous vivions à 100 à l’heure. Il n’était pas question de le garder, pourtt j’avais un petit doute. Si mon conjoint avait réagit différemment je l’aurai sûrement gardé. Bref…. l’avortement médicamenteux passé, je suis allée voir une somatothérapeute.
Elle m’a fait du bien. M’a déculpabilisée et après avoir écrit une lettre pour ce petit être et fait un petit rituel j’ai pu lui dire au revoir à ma manière. Me déculpabiliser, cela m’a fait le plus grand bien.
Pour avancer sur notre petit chemin de vie, ne gardons pas de grosses valises pleines de ressentis négatifs, de toxines qui stagnent ds notre tete et notre corps.
À toi peut être de faire deja un petit travail la dessus et de te pardonner …. prends soin de toi
H