Chère Elisa…Elle a eu besoin de voir jusqu’où je l’aimais.

In Humeurs
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Chère Élisa,
Ce soir j’ai eu envie de partager avec toi et avec toutes les femmes qui te lisent, les mères, ou non, ce petit texte écrit il y a quelques années. Parce que tous les combats que tu mènes sont justes et sincères, et que tu es à mon sens, une femme en qui toutes les femmes se projettent.
2014:
Maintenant elle va bien.
Je me demande encore un peu quelle adolescente elle sera, adolescente ça la fait tellement rêver.
Pour l’instant elle me regarde de ses yeux doux, je crois qu’ elle sait par ou je suis passée pour elle.
Elle a eu besoin de voir jusqu’ou je l’aimais. 
Elle a cru qu’il suffisait qu’il dise pour qu’on le croie.
Elle a été un bon petit soldat, ma fille.
Chaque jour il y a les larmes au souvenir du message que j’ai reçu le 4 mars 2012, écrivez en toutes lettres madame le quatre mars deux mille douze ou j’ai lu difficilement ces mots surréalistes qui disaient que je ne reverrais plus ma fille.
Depuis il n’a plus de nom. Lui. Même pas un homme, même pas une ombre, même pas son chien ni même son ombre.
Je ressens ce bruit sourd à l’interieur. 
Mais comme un accouchement, il reste la sensation, et pas de mots.
Il y a eu des attitudes, des fuites, des silences que j’ai reçus comme autant de gifles, et il y a eu des coups de fil la nuit, des mains serrées, des cigarettes fumées à l’aube en espérant ensemble, des bus pris en tremblant, il y a eu des femmes. Celles à qui j’ai tendu mon bébé avant de m’écrouler, celles qui m’ont forcé à avaler quelque chose, celles qui sont intervenues, vite, efficaces. Celles qui se sont indignées, celles qui ont choisi pour moi des chaussures rouge-sang pour mon mariage, celles qui ont fait alliance avec mon mari pour que je revienne à la vie. Celles qui ont répondu au regard perdu de mon petit garçon. Elles sont fortes!
Maintenant elle va bien. Elle n’est pas dupe. Elle a bien compris le rôle qu’elle a joué, genée d’avoir été si naive, elle veut savoir comment j’ai fait. Comment j’ai fait? Ha ha! Si, on peut, tu sais, on peut. On peut tout je te jure. Elle sourit, elle efface tout, elle recommence. Pour me flatter, mon homme me dit c’est tout toi, c’est fou. Je souris. Elle trace sa route. Droit devant, my girl, droit devant.
2017:
Je ne me doutais pas que cela allait recommencer, et pourtant. 
Elle a seize ans maintenant.
Il y a une semaine elle est partie chez lui.
Chez son idole.
Il m’a écrit que ma fille ne « voulait plus me voir ». 
(Que personne ne s’inquiète, j’ai un avocat, je n’en dirais pas plus, par souci d’anonymat)
Ces situations, malheureusement courantes, n’en sont pas moins terribles.
Pour ma part j’espère de tout mon cœur trouver la force et les ressources, émotionnelles et matérielles (la justice à un coût), de sortir ma fille de cette situation.
Élevons nos garçons, qu’ils soient des hommes et qu’ils ne se sentent jamais, en raison de leur genre, des êtres tout puissants.
Anonyme.

10 Comments

  1. Bravo pour cette dernière phrase et bravo d’avoir cette pensée malgré la detresse qui doit être la votre en cet instant. J’espère que vous êtes soutenue dans ce combat qui doit vous demander une énergie immense. Prenez soin de vous.

  2. Je pense à vous, bien plus fort que vous ne pouvez l’imaginez car comme vous le dîtes ces situations sont courantes. Je sais l’épuisement et la fatigue mais je sais aussi le courage et la force décuplée que nous avons en nous dès qu’il s’agit de nos enfants… Je vous souhaite que tout revienne « à la normale » le plus vite possible et l’apaisement…

  3. Boum.
    Les mots font boum.
    Je ne sais que dire, si ce n’est que vous avez toutes mes pensées.
    Courage à vous, j’espère qu’un jour elle saura dans ses tripes et dans son être tout l’amour que vous lui portez, et qu’elle aura la conscience de la complexité de la vie.
    Vous n’avez pas l’intention de lâcher, alors bravo courage tenez bon.
    Célia

  4. Le lien mère-enfant est si fort que rien ne l’arrête, et rien ne vous arrêtera.
    Je vous souhaite tout le courage du monde, des gens bienveillants, une épaule sur qui vous reposer.
    Claire-Lise

  5. je te serre fort dans mes bras… je suis sure que ta fille sait au fond d’elle. Mais elle est issue de lui, comment le rejeter… je pense fort à toi.
    J’ai appris hier que ma nièce allait avoir un 3eme demi soeur-frere. Une 4eme nana vient de tomber dans les mêmes filets.

  6. De par mon métier je sais que l’absent est toujours idéalisé et avec l’adolescence et les sentiments sur multipliés …. mais un jour elle grandira encore et encore et elle comprendra mais en attendant …..

  7. Il faut tenir et ne rien lâcher. Même si c’est dur. Très dur. Elle sait que votre amour est inconditionnel et sans fin . Elle sait que celui de l’autre ne n’est pas, et qu’elle doit sans cesse le gagner. Donc elle lui apporte la preuve ultime, ce choix… il ne se rend pas compte à quel point il la détruit. Par expérience ne lâchez rien, répétez sans cesse que vous l’aimez… elle aura besoin de vous . Courage.

  8. « Élevons nos garçons, qu’ils soient des hommes et qu’ils ne se sentent jamais, en raison de leur genre, des êtres tout puissants. » Boum
    Bravo pour cette force, malgré toutes ces épreuves.

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